Dans le contexte actuel de crise, la question mérite d’être posée : un candidat peut-il se risquer à négocier son salaire ? Pour répondre à cette problématique, nous nous sommes entretenus avec Jacques Raud, spécialiste du recrutement de profils IT et dirigeant du cabinet Capucine & Associés. Aux yeux de cet expert RH, il est possible de négocier son package en période de crise, à certaines conditions. Il nous explique ici pourquoi il peut parfois être opportun de négocier son salaire en temps de crise et surtout comment s’y prendre.
Le manque de visibilité à court et moyen termes a fortement impacté la décision de recruter ou non de nouveaux collaborateurs pour la plupart des entreprises en 2020 et 2021. Certains secteurs continuent pourtant de recruter. Ces recrutements se concentrent sur certaines fonctions stratégiques de la finance et des ressources humaines, sur des expertises dans l'informatique pour soutenir notamment l’activité des entreprises et garantir la sécurité des opérations en ligne, et sur les métiers de la supply chain et de la logistique. Les profils IT déjà convoités avant le confinement restent très demandés. C’est également le cas des profils commerciaux dans les secteurs de la banque et des services financiers, de l’agro-alimentaire, de la pharmaceutique, de la grande distribution et de la distribution spécialisée ou encore dans le secteur de l’énergie.
Si votre expertise correspond aux profils cités ci-dessus, il est probable que vous ayez été approché par des cabinets de recrutement. Une fois les missions analysées, la question de la négociation salariale s’est peut-être posée. En temps de crise, ai-je la capacité de négocier à la hausse mon salaire ? Est-ce vraiment le moment d'être gourmand ? Ne serait-ce pas mal vu si je demande un package supérieur à celui annoncé par le recruteur ? Pour le dirigeant du cabinet Capucine & Associés, la crise ne doit pas être un frein à la négociation salariale. “Un dirigeant qui a des besoins précis sur des fonctions stratégiques à l'instant T pourra consentir certains sacrifices financiers pour rester attractif sur le marché et recruter les talents clés dont il a impérativement besoin.” Autrement dit, recruter de nouveaux collaborateurs en période de crise est une décision stratégique, qui a forcément été mûrement réfléchie en amont par le dirigeant. Au vu du contexte économique, valider l’intégration d’un nouveau collaborateur n’est pas anecdotique.
Pour illustrer sa pensée, Jacques Raud évoque les ESN qui recrutent des profils IT experts pour les placer en mission chez leurs clients. “En cas de retard sur leurs livrables, les ESN peuvent payer des pénalités lourdes. La pression du client derrière est forte, ce qui explique pourquoi les entreprises sont parfois prêtes à payer certains profils au-dessus du prix du marché pour être certain de livrer à temps” analyse le fondateur du cabinet Capucine & Associés. Ceci est d’autant plus vrai pour les missions complexes et longues qui nécessitent des profils tech bien spécifiques. Un dirigeant consentira en effet à gonfler le package salarial lorsqu’il s’agit d’une mission de plusieurs mois, voire plusieurs années, car il sait que l’effort financier consenti sera lissé sur le long terme.
L’autre paramètre à prendre en considération dans l’opportunité de négocier votre salaire en temps de crise est la situation professionnelle dans laquelle vous vous trouvez. Si vous quittez un poste stable pour une nouvelle opportunité professionnelle, il est vrai que vous serez légèrement plus en position de négocier. Entamer un nouveau virage dans sa carrière en temps de crise est un sacré pari. “Un candidat qui fait ce choix peut tenter une négo, au nom de la prise de risque ” avance le dirgeant du cabinet de recrutement Capucine & Associés avant de préciser à quel point le savoir-être tient une place cruciale dans les critères de recrutement. La façon dont le candidat aborde la question salariale peut d’ailleurs révéler beaucoup de sa personnalité et de son savoir-être.
Maintenant que vous avez en tête l’opportunité salariale que peut représenter une embauche en temps de crise, reste à savoir comment vous y prendre pour négocier votre salaire. Quelle attitude adopter pour atteindre votre objectif et ressortir satisfait de votre entretien ?
Tout d’abord, vous devez bien avoir en tête que votre plus importante source de pouvoir est votre capacité à solutionner le problème du dirigeant en étant différenciant. “Pour ce faire, vous devez faire valoir votre expertise, votre expérience, votre connaissance des process internes et des clients et vos soft skills” explique le fondateur du cabinet de recrutement Capucine & Associés. Autrement dit, plus le salarié apporte de la valeur à son entreprise, et en est conscient, plus ses opportunités de négociation salariale seront grandes.
Néanmoins en temps de crise et au vu de la volatilité économique actuelle, vous devez avant tout comprendre votre futur employeur et lui montrer que vous saisissez parfaitement les enjeux auxquels il fait face et le climat anxiogène et incertain dans lequel il évolue en tant que chef d’entreprise. “Montrez-lui que vous percevez la complexité de ce recrutement, que vous saisissez en quoi cette période est délicate à gérer pour lui. C’est en comprenant sa perception de la réalité, ainsi que ses objectifs que vous pourrez identifier comment solutionner son problème et être en position de négocier votre salaire.” La position conflictuelle, basée sur un rapport de force, est à éviter à tout prix lors des entretiens en cette période de crise.
Pour conclure, Jacques Raud rappelle que les cabinets de recrutement comme Capucine & Associés sont de plus en plus amenés à remplir un rôle d’intermédiaire dans les négociations salariales entre les clients et les candidats. Pour en savoir plus sur cette mission, découvrez les solutions sur-mesure proposées par le cabinet Capucine & Associés pour accompagner les entreprises dans toute la chaîne de valeur du processus de recrutement.